Le lapin dans l’univers des jeux vidéo

Le lapin est un animal qui est considéré aujourd’hui à la fois comme une proie, puisqu’il est consommé en tant que gibier, et un animal de compagnie, compagnon affectueux et intelligent. Cette bivalence se retrouve également dans le monde du jeu vidéo. Petit tour d’horizon des différents archétypes possibles.

Le lapin, objet

Le lapin est souvent utilisé comme objet dans les jeux vidéo, c’est-à-dire que sa présence sera considérée comme un détail parmi d’autres. Dans les RPG, le lapin est est un animal qui permet d’accroître son expérience lorsqu’on débute un jeu, c’est ainsi le mob par excellence pour les noobs.

En effet, dans des jeux tels que Slayers Online, un MMORPG amateur, les premiers mobs que les joueurs doivent tuer pour gagner de l’expérience sont des blobs et des lapins. Il est également présent dans des franchises davantage connues, comme dans Secret of Mana ou encore Dragon Quest V. Le lapin représente alors un animal inoffensif qui ne sert qu’à être tué pour amasser de l’expérience.

On peut voir ce côté innocent du lapin dans la skin utilisée pour les jeux Slayers Online et Secret of Mana : on aurait presque des scrupules à tuer un animal aussi mignon. D’ailleurs, c’est un peu la lose d’être tué·e par un de ces mobs. Cependant, cela fait partie du charme des noobs, période de début de jeu dont les joueurs aguerris se rappellent avec une pointe d’émotion et d’autodérision.

Dans Dragon Quest V, le lapicorne ressemble vaguement à un croisement entre un lapin et un rat surmonté d’une corne : il rappelle davantage ici sa réputation de nuisible qu’il faut éliminer au plus vite.


Slayers Online

Secret of Mana

Dragon Quest V


Mais le lapin peut avoir un rôle plus important dans un jeu vidéo, tout en gardant ce statut d’objet. En effet, dans les jeux où la survie est au cœur du sujet, le lapin permet d’assurer au personnage de quoi se nourrir ou s’habiller. Dans certains jeux, ils représentent un palier que franchit le héros dans sa progression.

On peut citer The Last of Us, où la période de l’hiver débute par une cinématique avec un lapin qui sort de sa garenne pour sûrement chercher de quoi se nourrir.  Ellie, l’adolescente qui commence par accompagner le héros pour devenir réellement elle aussi protagoniste, tue alors ce lapin avec un arc, le ramasse et remarque de manière très triviale que ce gibier ne va pas beaucoup la nourrir. La joueuse ou le joueur comprend grâce à cette cinématique que l’héroïne a progressé dans le monde de la survie et est devenue capable de tuer pour se nourrir. Elle n’est plus la jeune fille effrayée du début du jeu et va devenir entre les mains de la joueuse ou du joueur un personnage intéressant, capable et débrouillard.


(40 premières secondes)

Le lapin permet dans beaucoup de jeux de se nourrir ou de se vêtir : on peut penser parmi tant d’autres possibilités au jeu Kingdom Come: Deliverance où l’on a la possibilité chasser ou braconner des lapins pour se nourrir ou récupérer leur peau. L’animal est aussi à l’honneur, ou du moins son cousin le lièvre, dans une quête. Le lagomorphe est à la fois une proie qui permet de survivre et un objet de quête afin de progresser dans le jeu.

Dans Red Dead Redemption 2, les lapins sont des animaux qui font partie de la faune du jeu et que l’on croise en vagabondant dans les différents paysages. Rien n’oblige la joueuse ou le joueur à les tuer, mais le faire permet d’obtenir de la viande ou des peaux parfaites d’animaux qui servent à créer des objets ou des vêtements. La personne qui tient la manette fait le choix de profiter des animaux comme d’éléments de vie qui égayent le paysage ou comme là encore des objets qui lui donnent des ressources. Le souci réaliste du jeu est poussé au point que différentes races de lapins existent, ce qui est somme toute relativement rare dans un jeu vidéo, encore plus pour des éléments secondaires qui ne peuvent être que décoratifs. Ainsi, le lapin évoluant dans les prairies ne sera pas le même que celui vivant dans un paysage hivernal. La diversité des lapins leur donne davantage d’importance alors même qu’ils restent au second plan.


Red Dead Redemption 2 : deux espèces de lapins


Mais le lapin peut aussi correspondre à ce qu’il est dans la réalité de beaucoup de personnes : un animal affectueux et domestiqué. En effet, dans le jeu Life is Strange, une fille, Kate Marsh, possède une lapine, Alice. Lapine blanche, elle rappelle bien évidemment le lapin blanc d’Alice au pays des merveilles. Très peu d’interactions sont possibles avec ce lapin, qui ici est plus un élément du décor qu’un véritable animal avec sa personnalité propre : on pourrait même se dire que son rôle est l’équivalent de celui de la plante avec Max. Il est toutefois intéressant de voir une représentation plus ou moins fidèle de l’animal domestique dans le jeu : enfermée dans sa cage, la lapine n’est a priori là que pour apporter de l’affection à sa propriétaire, qui, il faut le dire, en a grandement besoin.

Le lapin, personnage

Le lapin peut devenir un véritable personnage de jeu vidéo et ne plus être vu comme du simple gibier. Parfois opposant, parfois adjuvant, il se définit toujours autour du protagoniste.

Dans Super Mario 64, le lapin est un personnage très particulier. En effet, durant tout le jeu, la joueuse ou le joueur doit évoluer parmi différents mondes, accédant à ces derniers par le biais de tableaux dans différentes salles du château de Peach. Dans le château lui-même, quelques quêtes annexes existent, dont celles du lapin, Mips. Dans les caves du palais, un lapin malicieux apparaîtra devant Mario et celui-ci devra l’attraper afin que le lagomorphe lui remette une étoile supplémentaire. La difficulté réside dans une des caractéristiques bien connues des lapins : leur rapidité. En effet, courir derrière Mips et l’attraper n’est pas de tout repos.

Difficile de catégoriser le lapin de Super Mario 64 : au fond, Mario le chasse puisqu’il le pourchasse, le lapin n’est pas un opposant puisqu’il donne une étoile au héros, mais c’est un adjuvant de mauvais gré car l’étoile n’est donnée que lorsque Mips y est forcé : il suffit de regarder son air tout à fait déprimé (voir illustration). Ce petit lapin jaune est à la fois un animal rapide, mignon lorsqu’il fait ses petits bonds accompagnés d’un bruitage amusant et comique par son regard d’adolescent blasé.

Dans la série de jeux Star Fox, un lièvre fait partie de la Star Fox team et, bien qu’en retrait dans les jeux, a néanmoins un background bien développé : il s’agit de Peppy Hare (hare signifiant lièvre). Peppy a le rôle de pilote et de conseiller de Fox, puisqu’il est plus âgé que ce dernier. Véritable adjuvant, il permet à l’équipe de profiter de son expérience et de ses talents. De plus, Peppy Hare évolue durant les volets de cette saga et est ainsi le premier de cet article à avoir le statut de personnage qui perdure dans le temps et qui a un rôle prépondérant dans le jeu. Il est véritablement anthropomorphisé dans son comportement, son allure et ses compétences de pilote.


Mips, le lapin déprimé de Super Mario 64

Peppy Hare, pilote expérimenté de Star Fox


Parfois, le lapin est celui qui s’oppose au héros. Ces cas-là sont plus rares, car comme il a été remarqué plus haut, le lapin est une proie qui n’est pas par essence menaçante. Cela peut servir de ressort comique comme dans les Monty Python (Sacré Graal), mais un joueur ou une joueuse s’attendra rarement à rencontrer un lapin géant et terrifiant comme boss final. D’ailleurs, les lapins qui sont des opposants ont souvent gardé cette caractéristique comique.

On peut penser aux boss du jeu Super Mario Odyssey, où l’on doit affronter à la fin des stages les Broodals, des lapins relativement…comiques. Les yeux sont grands, les bouches également, le lapin est blanc, lisse. Ajoutez à cela une certaine facilité dans le combat, et vous aurez des opposants pas bien résistants, ce qui se vérifie totalement dans le jeu. De fait, le lapin est à l’opposé du loup, symbole du danger qui rôde dans l’ombre, puisque le petit animal est rattaché dès l’enfance à la drôlerie, aux facéties et parfois à la ruse : il n’est pas étonnant dès lors de ne pas trouver d’ennemi solide sous la forme d’un lapin, à moins que des exemples possibles aient été méconnus ici.


Des boss pas super effrayants dans Super Mario Odyssey


Le lapin, héros

Enfin, le lapin peut être le héros d’un jeu vidéo. C’est le cas dans certains jeux qui datent un peu : impossible de ne pas mentionner les jeux Jazz Jackrabbit, où l’on incarne un lapin vert dans un jeu de plates-formes qui n’est pas sans rappeler Sonic (le premier Jazz Jackrabbit est sorti en 1994 sur PC). En effet, nul doute que le lapin a ici été choisi pour représenter la rapidité, rapidité censée égaler un certain hérisson bleu. L’histoire n’est pas des plus originales, puisqu’il s’agit de sauver une princesse lapine de méchantes tortues, ces lents animaux étant reliés au lapin depuis la fable du « Lièvre et de la Tortue » de Jean de La Fontaine dans Fables. Il convient quand même de souligner que ce jeu est tout à fait digne du genre et que certaines musiques méritent d’être écoutées, notamment dans le deuxième opus.

Jazz Jackrabbit est donc un héros qui respecte les attentes des joueurs pour un jeu de plates-formes d’il y a 25 ans : c’est un mâle, il doit sauver une princesse, il court vite, saute haut et shoote les ennemis avec son arme. Cela étant, rares sont les lapins dans les jeux vidéo à être affublés d’une arme à feu, renversement à la manière de la chanson de Chantal Goya. Notre héros vert a donc toutes les caractéristiques du héros viril, même si cela entre en contradiction avec son statut de proie dans le monde physique.

Enfin, que serait cet article sans citer les fameux Lapins Crétins ? Ils font partie des rares personnages lapins que l’on aurait pu classer dans les antagonistes avec les ennemis de Super Mario Odyssey, dont ils partagent quelques caractéristiques : effectivement, physiques grossiers et comportement comique sont leur signature. Toutefois, les lapins crétins sont passés du statut d’antagoniste à celui de protagoniste, même s’ils sont toujours aussi… crétins.

C’est d’ailleurs ce à quoi on peut résumer ces ennemis ou héros selon les jeux : leur bêtise fait rire, et c’est à ça qu’ils sont réduits. Contrairement à Jazz Jackrabbit, les lapins crétins ne sont pas des héros qui respectent les attendus : débiles, pas très beaux, encore moins virils, ils n’ont pour fonction existentielle que de provoquer le rire du joueur. Leurs yeux sont globuleux, leur bouche reste la plupart du temps ouverte, permettant de découvrir deux incisives qui ressemblent à d’innocents chamallows. Les lapins crétins sont également des héros ou ennemis qui se caractérisent par leur nombre, rappelant la réputation fertile des lapins. Ils sont tous à l’identique, excluant un charadesign très développé comme nous l’avons vu. Toutefois, le succès a permis à ces héros de s’exporter dans des films, bandes dessinées, goodies et séries.


Jazz Jackrabbit s’apprêtant à casser des bouches.

Les Lapins Crétins.


Le lapin dans le jeu vidéo est donc un être protéiforme, tantôt proie, tantôt héros. Qu’il soit sous forme de pixels, sous des traits grossiers ou sous une apparence hyper réaliste, le lapin reste un animal très représenté dans les jeux vidéo, de manière anecdotique ou non. A n’en pas douter, il restera exploité par les créateurs.rices de jeux vidéo dans le futur également. Par exemple, le jeu vidéo indépendant Floppy and the Sleepy Planet aura pour héros un lapin robot.



Espérons que les personnages lapins continueront d’être variés dans le monde vidéoludique, à la fois dans leur réalisation graphique, proche ou non de la réalité, que dans leur comportement et leur personnalité.

Meligood

Fan de lagomorphes. J'aime : le chocolat, jouer à des RPG beaucoup trop longs, Jaycota et les lapins.

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