10 ans de Japan Expo, mais pour quel résultat ?

japanexpo10ans.jpg Du 2 au 5 juillet der­niers se tenait le plus grand salon « cul­ture japo­ni­sante et assi­milé » de France : la Japan Expo. Comme vous avez déjà pu le cons­ta­ter, il s’agit d’un évé­ne­ment que je ne porte pas spé­cia­le­ment dans mon cœur (la faute à pas mal de déri­ves et autres aber­ra­tions de la part du staff orga­ni­sant, mais on y revien­dra). A l’occa­sion de cette JE spé­ciale 10ème anni­ver­saire – ce qui cor­res­pond éga­le­ment à la 10ème et non 11ème édi­tion, en rai­son de l’absence de salon en 2005 – un effort tout par­ti­cu­lier aurait-il été con­senti ? C’est ce que nous allons voir.

Pen­dant 4 jours, le salon pro­pose une pléiade de mani­fes­ta­tions en tout genre : con­certs de musi­que japo­naise, con­fé­ren­ces, pro­jec­tions, cos­plays, karao­kés… Cette année, le plan­ning était même fran­che­ment impres­sion­nant, cumu­lant les events simul­ta­nés dans de nom­breu­ses sal­les.

Pas­sons rapi­de­ment sur l’escro­que­rie habi­tuelle con­sis­tant à ven­dre une mul­ti­tude d’entrées dif­fé­ren­tes : tickets zen, tickets pla­tine… tout cela pour obte­nir des coupe-files le plus sou­vent (!) mais aussi des droits qui devraient être pro­po­sés à tous les visi­teurs (le droit de sor­tir et de ren­trer en cours de jour­née par exem­ple), voire, des futi­li­tés sur­ven­dues (un espace pre­mium avec petit déjeu­ner…). Le tout est pro­posé à des prix affo­lants, mais c’est éga­le­ment le cas pour les réser­va­tions stan­dard, la jour­née du samedi bat­tant des records.

Cela ne fait que tra­duire une volonté crois­sante de pro­fit mas­sif de la part des orga­ni­sa­teurs. Si la pro­fes­sion­na­li­sa­tion du salon ini­tiée en 2006 – et tant décriée par cer­tains – n’est pas, en soi, le cœur du pro­blème, cette recher­che du pro­fit facile l’est déjà net­te­ment plus. Ven­dre des tickets stan­dards à bon prix, c’est nor­mal d’un cer­tain point de vue ; qu’ils soient volon­tai­re­ment bri­dés pour per­met­tre de ven­dre des bonus inu­ti­les aux per­son­nes déter­mi­nées à payer encore plus cher, beau­coup moins… Quand aux ano­ma­lies et aux pro­mes­ses non tenues, on y revien­dra plus avant dans cet arti­cle.

Au-delà d’une poli­ti­que dou­teuse, la Japan, ça reste le plus gros évé­ne­ment de ce genre en France – le seul capa­ble de ras­sem­bler la baga­telle de 150 000 visi­teurs ! For­cé­ment, face à un tel afflux, on pourra par­don­ner les quel­ques couacs liés aux files d’attente à l’entrée (bien qu’une amé­lio­ra­tion con­si­dé­ra­ble à ce niveau ait été con­sen­tie par rap­port aux années pré­cé­den­tes) ou encore la cohue au sein du salon (sur­tout le samedi). Cer­tains de ces sou­cis ne sont de toute façon pas réel­le­ment impu­ta­bles à l’orga de la JE, mais plu­tôt à la con­fi­gu­ra­tion du Parc des Expos de Vil­le­pinte.

En ter­mes d’acti­vi­tés, ENOR­ME­MENT de con­certs de musi­que japo­naise étaient pro­gram­més. Je suis très loin d’être attiré par ce genre de musi­que donc j’évi­te­rai soi­gneu­se­ment de par­ler de la pro­gram­ma­tion ; il sem­ble tou­te­fois qu’elle ait satis­fait les ama­teurs du genre, ce qui est l’essen­tiel.

En ter­mes de cos­plays… c’est très typi­que de la JE. Si on sait pas­ser outre les innom­bra­bles dégui­se­ments pour­ris de Naruto (pour les jeu­nes gar­çons) ou de Misa de Death Note (pour les jeu­nes filles), il y a du beau à voir. Géné­ra­le­ment, le spec­ta­cle est plu­tôt du côté des cos­playeurs expé­ri­men­tés, que l’on verra tout au long de l’année dans d’autres con­ven­tions. Néan­moins, avec la Naruto Festa (!), un évé­ne­ment cos­play « spé­cial Naruto » était mis en avant, et il n’est donc pas sûr que les orga­ni­sa­teurs aient voulu met­tre en avant la qua­lité des beaux cos­tu­mes… hum.

Enfin, une fois encore, l’ambiance glo­bale de la JE res­sem­ble beau­coup trop à ce « Run­gis du manga » qu’on a pré­cé­dem­ment décrit. On débar­que direc­te­ment en plein milieu de stands qui ne pen­sent qu’à nous ven­dre livres, frin­gues, pelu­ches, CDs, DVDs, éven­tails, vagins arti­fi­ciels (véri­di­que !)… Heu­reu­se­ment, cer­tai­nes fir­mes con­sen­tent de véri­ta­bles efforts.

On citera sur­tout l’exem­ple de SEGA qui, outre la pré­sen­ta­tion publi­que en toute pre­mière mon­diale (excu­sez du peu !) du superbe Bayo­netta (vous pou­vez d’ailleurs lire la pre­view com­plète de Kendo à son sujet), avait mis sur pied un petit mémo­rial à la gloire de la firme : le SEGA Museum. De la SG-1000 à la Dream­cast, tou­tes les con­so­les de la mar­que y étaient repré­sen­tées, avec plu­sieurs stands joua­bles, le tout avec une excel­lente mise en œuvre (pelu­che, goo­dies, rare­tés diver­ses). Un effort d’autant plus loua­ble que SEGA était un des rares stands d’édi­teur à n’avoir rien à nous ven­dre, iro­ni­que non ? Et on ne dit pas ça parce que notre Kendo à nous est l’ins­ti­ga­teur prin­ci­pal du SEGA Museum, qu’on nous envie jusqu’aux Sta­tes, ah ben non alors !

De mon côté, j’ai pu par­ti­ci­per pour la pre­mière fois à la Japan en tant qu’expo­sant, ou du moins « assi­milé expo­sant » puis­que l’asso­cia­tion DoReMi Game & Cie (que vous con­nais­sez for­cé­ment car vous êtes un fidèle lec­teur de Café Gaming 😉 ) n’avait pas de stand ; elle était là pour don­ner des con­certs. L’occa­sion éga­le­ment d’accueillir deux nou­veaux mem­bres au sein de la for­ma­tion : le tou­che-à-tout Krapo (armé de sa gui­tare… et de sa DS) et le bas­siste Dan.

Encore une fois, on taira ce qui a déjà été plus ou moins évo­qué au sein de ces colon­nes ; à savoir qu’à la Japan Expo, un expo­sant (ou n’importe quel staff en géné­ral) est sous-con­si­déré. Par­tant du prin­cipe qu’ils sont déjà bien sym­pas de lui lais­ser un bout de salle ou de stand, les orga­ni­sa­teurs de la JE ne dai­gne­ront pas lui faire un devis décent, le con­trai­gnant bien sou­vent à y aller de sa poche, par exem­ple pour des frais de dépla­ce­ment. Eh oui, à la JE, lorsqu’on vient pour staf­fer béné­vo­le­ment toute la jour­née, on ren­tre gra­tui­te­ment – encore heu­reux ! – mais on paye son RER, son matos et sa bouffe. Des ton­nes de peti­tes con­ven­tions, au bud­get bien plus serré, qu’elles soient asso­cia­ti­ves ou com­mer­cia­les, sont lar­ge­ment plus res­pec­tueu­ses des béné­vo­les qui con­tri­buent tant à leur suc­cès. Mais pas la JE.

Si je vous parle de tout ça, c’est parce que cette année, niveau orga, ça a vrai­ment merdé. VRAI­MENT. Je m’expli­que. Diman­che soir devait se dérou­ler un event plu­tôt inté­res­sant, clô­tu­rant le salon en beauté, inti­tulé Geek Music Show. Au pro­gramme : des démons­tra­tions de DDR par l’asso­cia­tion Orga­mes (dont je pense beau­coup de bien), diver­ses ani­ma­tions et pro­jec­tions en rap­port avec la série Noob, par les petits gars de la Fun­gli­soft, et enfin plu­sieurs bouts de con­cert par DoReMi Game & Cie ; le tout sur l’immense scène prin­ci­pale, habi­tuel­le­ment réser­vée aux cos­plays et aux con­certs de j-music !

Mal­heu­reu­se­ment (et là, l’expres­sion « trop beau pour être vrai » prend tout son sens), pour on ne sait trop quelle rai­son – l’ali­gne­ment des sept lunes ? la colère de Chuck Nor­ris ? la ven­geance du staff de Nolife con­tre ma per­sonne inno­cente ? la réin­car­na­tion de Cthulhu sur notre pla­nète ? ou peut-être une orga­ni­sa­tion com­plè­te­ment pour­rie ? – le plan­ning du diman­che sur la scène prin­ci­pale était com­plè­te­ment décalé. N’importe qui pourra en témoi­gner : les évé­ne­ments de la jour­née y débu­taient avec au mini­mum une bonne heure de retard. Vous vous dou­tez sans doute du résul­tat : les par­ti­ci­pants au GMS poi­reau­tè­rent lon­gue­ment avant de fina­le­ment se ren­dre compte que la pres­ta­tion n’aurait jamais lieu, en rai­son de l’heure avan­cée. Evi­dem­ment, cela n’a jamais été expli­qué clai­re­ment, con­trai­gnant tous les béné­vo­les à atten­dre… pour rien !

Main­te­nant, si vous le vou­lez bien, reve­nons à un pro­blème évo­qué pré­cé­dem­ment ; à savoir le fait que les béné­vo­les en soient sou­vent pour leurs frais, pour les dépla­ce­ments, les repas etc. (et pour­quoi pas l’héber­ge­ment, lorsqu’ils vivent loin). Vous vous ima­gi­nez bien que lorsqu’on accepte ce type de dépen­ses, c’est parce qu’on sait qu’il y a la carotte au bout du bâton, ou plu­tôt le con­cert dans une immense salle de 3000 per­son­nes. Ce n’est géné­ra­le­ment que parce qu’on sait qu’on va se faire plai­sir, qu’on accepte de « jouer le jeu » de la Japan, et qu’on prend en charge tou­tes les tâches péni­bles de la jour­née (trans­port d’ins­tru­ments, régla­ges, attente… pour ceux qui se deman­daient, staf­fer n’est pas fran­che­ment s’amu­ser lors d’un salon, la « place offerte » n’est pas usur­pée). Que dire donc quand l’orga décide de cou­per pure­ment et sim­ple­ment votre pas­sage, sans aucune expli­ca­tion, dans l’irres­pect le plus total des béné­vo­les comme du public venu pour les voir ? Com­ment expli­quer à ceux à qui on a demandé de venir, que le con­cert n’a fina­le­ment pas eu lieu ?

A la lumière de tout cela, j’ai un terme pour qua­li­fier ce que les orga­ni­sa­teurs de la Japan Expo ont mis en place : une escro­que­rie ! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’on la sur­nomme Japan Escroc dans les milieux auto­ri­sés. Abu­ser de la con­fiance du béné­vole en lui pro­met­tant un event qui n’aura pas lieu, ce n’est déjà pas très beau. Ven­dre des pla­ces (pas don­nées) en fai­sant miroi­ter un pro­gramme qui n’est fina­le­ment pas tenu, c’est inqua­li­fia­ble. Vous sou­ve­nez-vous de mon dis­cours sur la SEFA, en guise de con­clu­sion de mon compte-rendu sur la soi­rée des Manga Party Awards ? Je crois qu’on est là en plein dedans ce que je cher­chais à démon­trer : l’exploi­ta­tion, irres­pec­tueuse et sans ver­go­gne, des « res­sour­ces humai­nes » que peut pro­po­ser une asso­cia­tion, le tout au plus bas coût pos­si­ble, là où on ima­gine pour­tant les reve­nus géné­rés par la JE assez colos­saux (un rap­pel ? le prix du billet pla­tine : 100 €). Ne vous y trom­pez pas, l’ampleur du scan­dale est capi­tale et j’aurais aimé qu’on en parle plus, tant sur les sites spé­cia­li­sés que sur les forums de pas­sion­nés.

Petite cla­ri­fi­ca­tion : non, la logi­que com­mer­ciale ne me dérange pas. Il va même de soi qu’un salon aussi impor­tant que la JE ne pour­rait que très dif­fi­ci­le­ment (et pas for­cé­ment léga­le­ment) être orga­nisé dans un cadre asso­cia­tif ; dans cer­tains cas, la créa­tion d’une société est un abou­tis­se­ment utile voire néces­saire. Cepen­dant, je con­ti­nue de croire qu’un évé­ne­ment com­mer­cial, tout en étant lucra­tif, peut éga­le­ment tenir ses pro­mes­ses et avoir plus de con­si­dé­ra­tion pour ceux sans qui il n’exis­te­rait pas : les béné­vo­les qui le font vivre ! Force est de cons­ta­ter que plus le temps passe, plus l’esprit de la Japan s’éloi­gne de cet aspect « éthi­que » qui per­met­trait pour­tant à tout le monde de trou­ver son compte – orga­ni­sa­teurs et par­ti­ci­pants. Sur­tout, ne me dites pas qu’ils n’en ont pas les moyens…

Fina­le­ment, de mon point de vue, la JE ne vaut plus guère que pour ses bons à-côtés. De tels ras­sem­ble­ments sur Paris sont rares et per­met­tent des ren­con­tres mas­si­ves, impos­si­bles dans d’autres cir­cons­tan­ces. C’est avec plai­sir qu’on a pu jau­ger la puis­sance de la VRAIE com­mu­nauté Nolife : plus d’une cen­taine de per­son­nes qui débar­quent dans un resto, tu le crois ça ? Un bon trip cou­ronné par la pré­sence de Seb Ruchet him­self. Fina­le­ment, dom­mage d’avoir à atten­dre un évé­ne­ment aussi mal géré que la Japan pour pou­voir orga­ni­ser ça. Dites, les gens, ça ne vous dirait pas de repor­ter vos efforts sur un nou­veau salon, et de boy­cot­ter la machine à fric de la SEFA ? Je crée la CG Expo l’année pro­chaine, ça vous bran­che ? 😉

Anne Ferret

J'ai créé Café Gaming lors d'un moment d'égarement, il y a bien trop longtemps. J’aime SEGA, Tetsuya Mizuguchi et Rock Band ; je fais de la musique sous le pseudonyme Lucifer Cedex.

9 thoughts to “10 ans de Japan Expo, mais pour quel résultat ?”

  1. Dommage que tant de gens voient la JE comme un rassemblement ultime, ce qui se fait de mieux dans le domaine et tout ça…. Il y a un espèce de “culte” en province sur la JE c’est assez bizarre : tout le monde veut y aller et on peut difficilement les raisonner

  2. Je n’en doute pas, mais de toute façon je ne pense pas qu’ils soient spécialement déçus en y allant… ça doit leur plaire quand même.

    Mais ils ne savent pas qu’il y a -beaucoup- mieux, pour moins cher, et sans doute dans leur région…

  3. pour les plus ancien comme moi, on a connu avant la JE, le Cartoonist, qui déplaçait beaucoup de monde à TOULON, et suite à des problème d’organisation et de profit, le salon n’est plus…
    Pour parler plus de la JE, j’entends parler de chose sur les organisateurs, et le vis aussi via des associations auxquels je fais partit, et clairement, ils pourraient faire 1000 fois mieux si ils se souciaient de leurs publics. mais heureusement, les stands et les exposants se donnent a font, ce qui a donné un événement très intéressant,
    Ce qui le rends l’événement incontournable malgré tout le mal qu’on aimerais sur la SEFA.

    voilà …

  4. Ça ne me donne pas très envie d’y aller tout ça… Par ailleurs, concernant les billets, certains permettent de participer à un tirage au sort pour une séance de dédicace … Chaud

  5. Le japan expo, j’y vais pour me marrer avec des potes sur les cosplays de merde, les allées pleines d’arnaques… Sinon ça vaut pas le coup du tout. Là je savais pas le coup pour le GMS, bah ça montre bien que c’est une arnaque à super grande échelle =/

  6. D’après ce que j’ai lu, la seule machine bien huilée la bas c’est la machine a sous :/

    Mais bon par exemple moi j’suis en bretagne et je connai aucun rassemblement de ce genre.

    Avez vous des bon plans dans le grand ouest de la france ??

    Cordialement

  7. Hm vers Rennes, au début mai, il y a le Stunfest qui regroupe les jeux de baston mais aussi d’autres types de jeux pour varier les plaisirs. Google sera ton ami Katoru =).
    En tout cas ça fait 4 ans je le fais et c’est toujours aussi bien.

  8. c est sur c est des no life à peine tu tapes la discute ils te regardent bizzarrement o_o qu’ils retournent dans le monde! non franchement la communaute de fans n a rien avoir avec celles il y a quelque annees, on assiste à trop d extremes trop otakunise ou à des novices qui se prennent pour des pro genre des gamines qui se voyent vivre au japon deguisé en gothique lolita toute leur vie apres avoir decouvert vampire knight et olivia, non mais ma petite puce le japon c est pas ca tu risques d y perdre tes plumes -_- l y a une ambiance de me desole sauf les asso et certains stands etait sympas! je me dis que le reportage de m6 d y il a quelque année sur les otaku etait finalement pas faux ! le prix de cette arnaque entre le train hotels et entree on se paie de belle vacances pres de la grand bleu!

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