Wolfenstein: The New Order

Vous savez ce qu’on dit, que c’est le voyage qui compte, pas la destination ?

The New Order, nouvel épisode de la saga Wolfenstein, ne convainc sur aucun des deux.

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Pour les non-initiés, Wolfenstein est une série se déroulant aux alentours de la seconde guerre mondiale, qui date de 1981, mais la plupart d’entre nous se souviendront notamment de Wolfenstein 3D, développé par iD Software en 1992, un an avant Doom. Depuis, nous sommes passés par Return to Castle Wolfenstein (2001), Enemy Territory (2003), et un titre éponyme en 2009. Pour faire court, c’est arcade, c’est rapide, vous dégommez des nazis à tour de bras, par dizaines, voire même par centaines.

Autant commencer par ce que le jeu arrive à faire. L’exécution technique est presque parfaite, le design audiovisuel est génial. Les situations dans lesquelles vous vous retrouvez sont souvent ingénieuses, intéressantes, et relativement originales. Le système de points de vie est un hybride entre la régénération automatique et les bons vieux medkits. La possibilité de se faufiler et d’éliminer les ennemis discrètement est bien pensée. Le rythme du jeu est bien dosé ; les champs de bataille énormes sont séparés par des phases plus tranquilles d’exploration et de recherche qui arrive à ne pas être rébarbative. L’histoire est assez classique, un peu trop Hollywoodienne dans son exécution, mais elle accroche, et les cinématiques sont extrêmement bien réalisées. Elles seront sans aucun doute ce qui vous poussera à finir le jeu… car je viens de faire le tour des points positifs.

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Le plus gros truc qui tâche dans The New Order, c’est qu’environ la moitié des ennemis que vous allez affronter sont des éponges à balles. Vous allez vider tous vos chargeurs dedans (sans forcément réussir à les descendre), et on ne vous donne pas vraiment beaucoup de munitions. Donc vous vous retrouvez avec encore une dizaine de nazis dont deux robots géants devant vous, et vous êtes à sec. C’est au point que vous êtes forcé de devoir contourner cette limitation d’une manière qui est extrêmement agaçante et qui brise le rythme du jeu. Préparez-vous à souvent devoir retourner à la dernière tourelle que vous avez vue, à la démonter, puis à retourner (lentement) vers l’endroit qui vous bloque, puis à vider la tourelle. Pendant cinq secondes. Car oui, les tourelles, elles aussi, n’ont pas assez de munitions ! Et c’est là que vous allez faire des aller-retours avec le chargeur électrique le plus proche de vous…

Le résultat de ce manque d’équilibrage entre les munitions et la résistance des ennemis, c’est d’énormes pics de difficultés qui cassent toute l’immersion que vous pourriez avoir vis-à-vis du gunplay. C’est affreux. Et pour un shooter qui se veut être le mélange parfait entre moderne et classique, ça fait tâche. Mais ce n’est pas tout.

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Le jeu n’est pas cover-based comme Call of Duty, et c’est la moindre des choses ; c’est Wolfenstein, c’est arcade, après tout. Néanmoins, il y a une mécanique de cover/lean très bizarre : vous devez maintenir ALT + ZQSD pour pouvoir se pencher dans une direction (ou s’accroupir). C’est d’une maniabilité très douteuse sur un clavier PC.

Les objets secrets cachés à travers les niveaux ne débloquent rien d’intéressant, juste des variations pour le New Game+, comme « munitions infinies », « mode hardcore », « mode super hardcore », « mode super hardcore t’as qu’une vie si tu meurs on efface ta sauvegarde ». Décevant.

Il y a quelques scènes de sexe qui nous sont jetées à la figure, dès les deux premières heures. Sérieusement. On est en 2014, ça serait bien si les productions AAA ne ressentaient pas le besoin de se transformer en film porno médiocre pour pouvoir garder les ados scotchés à l’écran.

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Mais ce que je trouve vraiment dommage, c’est à quel point la fin du jeu casse absolument tout l’enthousiasme que vous auriez pu avoir. Elle est incohérente avec tout ce que vous avez vu pendant les dix heures que durent la campagne solo, elle est abrupte, c’est du « bittersweet ending » avec tout ce qu’il y a de plus « bitter ».

[learn_more caption= »ATTENTION SPOILERS »]

Durant tout le jeu, vous survivez à énormément d’accidents, de crashes en tout genre (dont notamment une navette spatiale qui s’écrase à 300km/h sur un pont suspendu), vous êtes empoisonné, vous faites d’énormes chutes à répétition, etc. et je ne vais même pas parler du fait que vous vous faites tirer dessus et exploser la gueule dès que vous osez faire trois pas. Alors voilà ce qui se passe : à la fin du jeu, une grenade explose à un mètre de vous (après environ quatre secondes à la regarder sans même essayer de s’enfuir), et le protagoniste fait genre « oh non je suis mort maintenant je ne pourrai jamais fonder une famille avec la femme que vous avez vu dans mon mauvais ersatz de film porno ».

C’est bizarre quand même, on se prend environ 15,738 grenades et 47,294 roquettes dans la gueule pendant tout le jeu, et là, une pauvre grenade à un mètre de nous, et y a les intestins qui sont expulsés par derrière.

Mais bon, on serait prêt à excuser cette dissonance ludo-narrative si ce qui suivait était correct, non? Le problème c’est qu’il n’y a rien après. La forteresse nazie est atomisée, fondu au noir, générique. On ne voit pas les conséquences de nos actions, on ne sait pas ce qui va arriver au groupe de personnes qu’on a secouru.[/learn_more]

C’est horrible. Ca n’est pas du niveau de Mass Effect 3, mais on y est presque.

Bref, au final, le jeu est moyen en tant que shooter, et pas terrible sur le reste, une fois qu’on passe les quelques premiers niveaux. Il est ponctué de points positifs qui rendent le tout supportable, comme l’histoire et les cinématiques qui, malgré leur grand classique, ont pas mal de grands moments très bien exécutés… mais malheureusement, il y a énormément de potentiel gâché.

Je ne peux donc pas, en l’état, recommander Wolfenstein: The New Order. Verdict : attendez qu’il soit en solde sur Steam.

[box]Version testée : PC (Windows).
Copie de test achetée par le testeur.
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Maxime Lebled

Fanboy officiel de Valve au lancement du site; éventuellement rétrogradé, il s'est vengé sur ses cours d'anglais. Il est également animateur 3D dans l'industrie du JV : vous pouvez voir ses productions sur son site ou sa chaîne YouTube...

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