Déclaration d’amour : la musique Mega Drive

Cela fait exactement 30 ans aujourd’hui que la légendaire rivalité entre Nintendo et SEGA débuta avec la sortie simultanée sur le territoire nippon de la Famicom et de la SG-1000. Cette guerre sans merci durera pendant quasiment vingt années, et se terminera comme on le sait par l’abandon du marché des consoles par SEGA après la Dreamcast. Vous le saviez ? Cela tombe bien, car ce n’est précisément pas de ça dont je vais vous parler… © MO5.com

Ou en tout cas, pas tout à fait. Point culminant de la guerre entre les deux firmes, la rivalité entre la Mega Drive et la Super Nintendo a vu deux camps se créer. Il faut dire qu’en termes de conception, de type de jeux proposés, les deux consoles étaient finalement très différentes de par leurs choix, la politique des constructeurs, ou l’écart technologique lié à leurs dates de sortie — la Mega Drive étant de deux ans l’aînée de sa concurrente.

Genesis does what Nintendon’t

Parmi ces différences, l’une sautait aux yeux… ou plutôt aux oreilles : l’aspect sonore des deux machines était radicalement différent. SEGA avait en effet opté pour une synthèse sonore FM et PSG, dans la continuité de ce qui se faisait sur les générations précédentes, mais en infiniment plus pointu et complet (un total de 10 pistes sonores, dont une piste PCM pouvant retranscrire des sons numérisés — voix, percussions, etc.). De son côté la Super Nintendo, avec un processeur sonore intégralement basé sur des sons numérisés (conçu par Sony et Ken Kutaragi, rions un brin) était plus ambitieuse, permettant de générer des mélodies entières à partir de samples audio numérisés, à la façon de l’Amiga. De quoi disposer d’une banque de sons complète (un sample pour chaque instrument), dans une logique identique au format MIDI.

Sans titre

Aujourd’hui, il est de bon ton de se ranger du côté de la Super Nintendo en affirmant que cette dernière avait les meilleures musiques. Il suffit de jeter un coup d’œil aux Youtubers en vogue pour s’en convaincre : le son de la Mega Drive, c’est de la diarhée, c’est de la merde et un point c’est tout. Et dans certains cas, c’est vrai ; le processeur sonore de la Mega Drive n’était pas toujours bien exploité, surtout à ses débuts où les développeurs se contentaient d’exploiter ses sonorités les plus basiques (en PSG principalement) sans tirer parti de sa synthèse FM ou de l’intégralité des pistes à disposition. Contrairement à la SNES, le son sur Mega Drive demandait plus de connaissances purement techniques pour être exploité à son plein potentiel…

Du coup la SNES peut apparaître comme le support parfait pour l’audio… mais ce n’était pas le cas. Elle se heurtait aux limites du traitement audio numérique de l’époque avec un son à 32 kHz (ce léger effet de « grésillement » ou de « ligne téléphonique » sur le son généré). À titre de comparaison, vos MP3 et autres fichiers audio sont généralement échantillonnés à 44.1 kHz ou 48 kHz. Il en résultait une difficulté à rendre correctement certains types de sons : les fréquences trop basses ou trop aigues, en particulier.

Avec le recul il est amusant de constater qu’en misant sur une vision de la génération sonore plus ancienne, plus conservatrice, la Mega Drive a mieux vieilli. En effet, elle ne se heurte pas aux mêmes problèmes d’échantillonnage et fournit un son d’une clarté parfaite (à l’exception de son canal PCM). Son processeur fait même la joie des audiophiles qui réalisent des rips issus directement de la console pour les fins gourmets (96 kHz, 24 bit…).

Play eternally with your metallic melody

Mais trève de considérations techniques. Cet article est avant tout une déclaration d’amour à la sonorité si particulière de la Mega Drive… autant vous permettre d’en profiter aussi.

Avec autant de pistes et deux processeurs respectifs capables de retranscrire une large gamme de fréquences sonores, si elle était totalement désarmée sur un plan symphonique face à la SNEs, la Mega Drive était capable de retranscrire de très belle façon les mélodies acidulées ou les rythmes électroniques les plus endiablés.

Il est vrai que les premiers jeux de la machine ne montrent pas vraiment de quoi elle est capable en termes audio. Phantasy Star II, sorti en 1989, reste modeste en termes de sonorités employées…

Phantasy Star II – Phantasy

La Mega Drive commencera à réellement se distinguer avec des titres comme Sonic the Hedgehog et Streets of Rage (1991) : d’un côté, de la pop entraînante et variée ; de l’autre des sons électro novateurs encore jamais entendus sur console… avec, et cela deviendra la marque de fabrique du support, des lignes de basse nettes et distinctes.

Sonic the Hedgehog – Green Hill Zone

Sonic the Hedgehog – Marble Zone

Streets of Rage – Fighting in the Street

La réussite de la bande originale des Streets of Rage est telle que ces morceaux sont fréquemment réutilisés par Yuzo Koshiro, son compositeur, tels quels lors de DJ sets. Comme on le disait, leurs sonorités n’ont pas tellement vieilli…

Une fois totalement maîtrisé, le son « métallique » de la Mega Drive permet toutes sortes d’expérimentations. C’est ainsi qu’Howard Drossin réalise, pour la bande originale de Comix Zone, un son brut, au style rock-metal très caractéristique (voir à ce sujet mon article de 2011 sur Howard Drossin et son travail sur le remake de Splatterhouse).

Comix Zone – Episode 1, Page 1-1

Comix Zone – Battle with Mortus

On pourrait continuer longtemps… je vous laisse donc simplement avec une sélection totalement subjective de pistes tirées de jeux Mega Drive, en vrac, à avoir écouté absolument avant de mourir 😉

Streets of Rage 2 – Dreamer

Castlevania: Bloodlines – Iron-Blue Intention

Ecco: The Tides of Time – Tube of Medusa

Sonic the Hedgehog 3 – Ice Cap Zone Act 2

Mick & Mack Global Gladiators – Mc Rock Part 1

Mega Turrican – Stage 1-1

Aladdin – Arab Rock 1

Sparkster: Rocket Knight Adventures 2 – Stage 1-2

ToeJam & Earl in Panic on Funkotron – Lewanda’s Love

Phantasy Star III: Generations of Doom – Opening Theme

Crédits (compositeurs)

Anne Ferret

J'ai créé Café Gaming lors d'un moment d'égarement, il y a bien trop longtemps. J’aime SEGA, Tetsuya Mizuguchi et Rock Band ; je fais de la musique sous le pseudonyme Lucifer Cedex.

6 thoughts to “Déclaration d’amour : la musique Mega Drive”

  1. Belles déclaration d’amour. Vrai que c’est agaçant ces commentaires sur la supériorité sonore de la SFC. Il existe des œuvres magnifiques dessus, là n’est pas le problème. C’est juste qu’on ne compare pas deux instruments de musique, une basse et une guitare par exemple.
    Par contre à titre perso je n’ai jamais été fan du travail de Howard Drossin. Ça me laisse froid. ^^ Et préféré également les ziqs de RKA à celles de Sparkster II.

    PS : je vois que tu as fait un boulot nickel sur la forme, mais du coup je ne comprends pas pourquoi la 16-bits de SEGA n’a pas droit à une espace dans son nom : « Mega Drive »

    Petite sélection perso additionnelle :
    The Super Shinobi II : 3 compositeurs différents et ce n’est pas plus Yūzō Koshiro à la musique mais qu’est-ce que c’est bon ! http://youtu.be/rjaW4ZYzVHI

    Musha Alest, Toshiaki Sakoda: http://youtu.be/1lXhq66CFS4, http://youtu.be/7DplwP_43o0, http://youtu.be/-DUikAV8NbM

    Rocket Knight Adventures : http://youtu.be/a76oFUArUek, http://youtu.be/zd8kSjMnUhY, http://youtu.be/Mny0uJYWkm8

    GunStar Heroes, Kazuo Hanzawa : http://youtu.be/v1A8McSP41I

    Elemental Master, Toshiharu Yamanishi : http://youtu.be/QaFw0np_P8A

    Mercs, Manami Matsumae : http://youtu.be/-YVpv4QlIBM, ce n’est pas ma préférée du jeu, mais ça manque de choix sur YT. :-/

  2. Bon article, c’est vrai que les premiers titres MD sont parfois inécoutables de nos jours mais sur la fin il y a des perles, et j’insiste sur Thunder Force IV.

    J’écoute la BO de ce jeu chaque semaine, c’est toujours aussi bon.

    À l’inverse un titre SNES comme Secret Of Mana m’avait beaucoup impressionné par sa musique, mais aujourd’hui j’ai bien du mal à l’écouter.

  3. Bonsoir,

    Si un jour vous lisez ce commentaire,
    La megadrive, de part son âge, était plus « faible » techniquement que la SNES c’est incontestable.
    Mais la Megadrive était plus « mûre » avec des productions qui resteront à jamais des « cultes », notamment dans les musiques.
    A cette époque, il y avait 2 références musicales: le son « métallique » de la Megadrive et le son « techno » de l’Amiga.

    A ce jour, je n’ai pas trouvé aussi bon, si ce n’est sur Playstation 1 sur certains rares, très rares, jeux.

    Dans la panoplie du must sonore, outre les Sonic et Streets Of Rage (level 1 du 1 et 2!), il y a un titre qui survole tous les autres: Thunderforce 4. Sans doute le meilleur shoot them up de tous les temps.

    Pour les geeks de combat, il y avait aussi Shining Force… et Shining Force Mega CD!

    Rocket Knight se tenait mais trop « court ». Quant aux références Playstation, Casltevania Symphony of the Night et Thunder Force 5 (uniquement pour les OST). Je mettrai aussi dans la liste des jeux oubliés qui en ont aussi sous le capot: The Story of Thor (Megadrive et Saturn), Panzer Dragoon et Shining force 3 (3 épisodes).

    Déjà, avec ça en ludothèque, votre panoplie sonore devrait être au top!

    J’ajoute sur SNES: Zelda 3 (of course) et Secret Of Mana.

    Bonne lecture et… bon son!

    1. Salut, ton commentaire est intéressant mais je tiens quand même à mettre un bémol sur la prétendue « supériorité technique » de la SNES, un bon gros mythe que j’ai pourtant taché de démonter dans mon article…

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